Le 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa)
Les bérets rouges de l’océan Indien
Paul Villatoux
Plus méconnu du grand public que les 3e et 8e RPIMa ou que le pourtant plus discret 1er RPIMa, le 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine est une unité de légende dont les racines plongent au plus profond de l’histoire des formations coloniales à vocation aéroportée. Implanté depuis maintenant plus de quarante ans sur l’île de La Réunion, il peut s’enorgueillir d’être la seule formation parachutiste à avoir accompli plus de trente sauts opérationnels en Indochine, à avoir pris part aux deux grandes opérations aéroportées réalisées par l’armée française pendant le conflit algérien (Suez 1956 et Bizerte 1961) et à opérer depuis toujours à l’extérieur de la France métropolitaine, répondant ainsi parfaitement à la vocation première des troupes de marine, celle de servir outre-mer.
Le premier bataillon de bérets rouges
Bien qu’il ne soit pas le dépositaire officiel des traditions des premiers parachutistes français – jalousement conservées depuis 1960 par le 1er RPIMa -, le « 2 » n’en revendique pas moins, pour une part, le passé glorieux des SAS (Special Air Service) français et notamment du 2e régiment de chasseurs parachutistes (RCP) qui s’illustre en 1944-1945 en Bretagne, dans les Ardennes belges et à Amherst. Cependant, pour peu qu’il faille suivre sa filiation en ligne directe, le régiment demeure avant tout le descendant du premier bataillon de parachutistes constitué sous l’égide des troupes coloniale, le 5e BPIC (bataillon de parachutistes de l’infanterie coloniale). Ce dernier voit le jour à Tarbes le 1er février 1947 et regroupe des volontaires ayant déjà servi en Indochine, issus notamment du Groupement autonome Ponchardier, ainsi que des vétérans SAS de la Seconde Guerre mondiale. Commandée par le chef de bataillon André Dupuis secondé par le capitaine Roger Trinquier, l’unité donne naissance à un détachement de 700 hommes qui part pour l’Indochine le 30 octobre 1947 tandis qu’une demi-brigade coloniale de commandos parachutistes (DBCCP) est créée à Vannes sous la responsabilité du colonel Massu afin de mettre en place un processus de relève cohérent des unités aéroportées en Extrême-Orient.
Lorsqu’il débarque à Saigon à la mi-novembre 1947, le détachement Dupuis prend aussitôt la dénomination de 2e bataillon colonial de commandos parachutistes-SAS (2e BCCP-SAS) qu’il conserve jusqu’en juin de l’année suivante, date à laquelle le sigle « SAS » est définitivement abandonné. Entre-temps, le bataillon a commencé à opérer en Cochinchine, notamment autour de sa base arrière située à Laï Thieu, à une vingtaine de kilomètres au nord de Saigon. La zone se trouve alors à la limite d’un territoire fortement boisé appelé le « Quadrilatère », encadré par les localités de Thu Dau Môt, Laï Thieu, Thu Duc et Bien Hôa, qui sert de refuge à un régiment d’élite du Viêt-minh, le 301e, considéré comme particulièrement redoutable. Sa mission consiste donc à pacifier ce territoire tout en se tenant prêt à intervenir à tout moment sur l’Indochine du Sud, à la demande des commandants de secteurs. Tout au long de ce séjour, qui prend fin en décembre 1949, le 2e BCCP se trouve ainsi sans cesse écartelé et contraint à un suremploi écrasant, chacune de ses compagnies opérant le plus souvent de façon dispersée dans d’incessantes interventions, aussi bien terrestres, amphibies, qu’aéroportées sur un territoire particulièrement vaste qui va de l’Annam au Cambodge en passant par la Cochinchine. Cette débauche d’activité, marquée notamment par la participation à trente opérations aéroportées (dont trois seulement au complet), coûte au bataillon de lourds sacrifices parmi lesquels la mort de son premier chef de corps, le commandant Dupuis, victime d’une embuscade le 9 septembre 1948 et de cinquante et un autres des siens ainsi que plus de deux cents blessés. Elle lui vaut par ailleurs une citation à l’ordre de l’armée et une croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures (TOE) à son fanion.
Le chef de bataillon André Dupuis du 5e BPIC > 2e BCCP – 1947 – Embarqué sur le SS Pasteur le 30 octobre 1947, le 2e BCCP est créé officiellement lors de son arrivée à Saïgon le 15 novembre 1947.
Un nouveau 2e bataillon colonial de commandos parachutistes (BCCP) est formé dès le 1er février 1950 au camp de Meucon, près de Vannes, sous le commandement du chef de bataillon Raymond Toce. L’unité gagne l’Indochine à la fin du mois de décembre sous la dénomination de 2e groupement colonial des commandos parachutistes (GCCP) avant d’être rebaptisée 2e bataillon de parachutistes coloniaux (BPC) le 1er mars 1951. Prévu initialement pour opérer au sud-Vietnam, le bataillon est transféré au Tonkin dès le début de l’année 1951, dans le cadre de la défense du delta du fleuve rouge ordonnée par le général de Lattre. Les parachutistes du « 2 » prennent ainsi une part importante à la bataille sur la rivière Day en mai avant d’opérer au Cambodge pendant l’été. L’heure n’est plus aux engagements parachutistes à l’échelle de la compagnie, de la section ou du groupe de combat, le bataillon n’effectuant au cours de son second séjour que trois opérations aéroportées, mais sur une échelle bien plus vaste que lors des années 1947-1949. C’est ainsi que le 2e BPC est l’un des fers de lance de la grande offensive sur Hoa Binh entre novembre 1951 et janvier 1952, aux côtés des autres paras coloniaux des 1er et 7e BPC. Quelques mois plus tard, sous le commandement du capitaine Albert Lenoir, il mène de durs combats en pays Thaï avant d’être dissous à la fin du mois de janvier 1953 lors de son retour en métropole. Son efficacité et son ardeur au combat lui valent deux nouvelles citations à l’ordre de l’armée et l’attribution de la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre des TOE, témoignant que les sacrifices consentis – marqués par la perte de trois officiers, onze sous-officiers et soixante-six parachutistes – n’ont pas été vains.
Du 2e RPC au 2e RPIMa
Le 2e BPC renaît brièvement au Maroc, le 1er décembre 1954, par fusion d’une compagnie du 6e BPC aux ordres du commandant Victor Chaudrut avec le 4e bataillon du 6e régiment de tirailleurs sénégalais. L’unité est finalement dissoute dès le 31 Juillet 1955 pour être transformée en 6e régiment de parachutistes coloniaux (RPC). La création de ce nouveau type de force opérationnelle aéroportée de grande envergure, loin d’être anodine, répond alors au besoin du commandement, face à la montée en puissance des mouvements insurrectionnels en Afrique du Nord, de disposer de régiments d’élite à 1 200 hommes – dont près de 70 à 80 % d’appelés – capables d’intervenir en toutes circonstances et dans un délai très bref. Aussi n’est-ce pas le fait du hasard si un 2e RPC est constitué le 1er octobre 1955 à Constantine, par amalgame du 1er BPC de retour d’Indochine et des 5e et 8e BPC « Blizzard ». Le chef de Bataillon Maurice Ferrano en est provisoirement le chef de corps avant l’arrivée, le 1er novembre 1955, du lieutenant-colonel Pierre Château-Jobert, « Conan » de son nom de guerre, compagnon de la Libération et figure légendaire des parachutistes SAS. Après plusieurs mois de crapahutages en Kabylie, dans les Nementchas, l’Algérois et le Constantinois, le 2e RPC est rattaché en juillet de l’année suivante à la 10e division parachutiste (DP) du général Massu, grande unité légère placée « en réserve ministérielle avec hypothèque d’emploi » et dont la colonne vertébrale est constituée de cinq régiments d’infanterie parachutistes parmi lesquels les 3e et 6e RPC, 1er RCP ainsi que le 1er REP. Dans le même temps, sa base arrière est établie dans les localités de Koléa et Castiglione, à une trentaine de kilomètres d’Alger.
C’est dans ce contexte qu’en octobre 1956 le régiment est mis en alerte dans le cadre du volet aéroporté de l’opération « Mousquetaire » sur Suez qui prévoit le largage d’un bataillon britannique sur le terrain de Gamil, à dix kilomètres à l’ouest de Port-Saïd, et d’un régiment parachutiste français de part et d’autre du canal, au sud de Port-Saïd et de Port-Fouad. Désigné pour accomplir l’assaut initial, le 2e RPC est ainsi parachuté en deux vagues au matin du 5 novembre 1956 et s’empare sans coup férir des objectifs qui lui ont été assignés, déplorant huit morts et trente-neuf blessés. L’annonce du cessez-le-feu le lendemain dans la soirée est cependant douloureusement ressentie par les parachutistes qui rejoignent l’Algérie dans les derniers jours de décembre 1956 avec le sentiment diffus d’avoir été trahi par un pouvoir politique coupable d’avoir cédé aux pressions soviétiques et américaines.
Mais déjà de nouveaux défis attendent le régiment qui est l’un des premiers à être engagé, au début du mois de janvier 1957, dans la bataille d’Alger destinée à mettre fin au terrorisme du FLN dans la ville blanche et sa banlieue. Il reçoit ainsi pour mission de couvrir le secteur de Kouba, Hussein-Dey, Birmandreis et Birkadem afin d’y démanteler l’organisation adverse et de mettre fin à la grève scolaire. À l’instar de ses homologues des autres unités de la 10e DP, le lieutenant-colonel Fossey-François, qui commande provisoirement le régiment avant de succéder définitivement à Château-Jobert en février, n’est guère attiré par cette « chasse aux terroristes » en milieu urbain qui lui est imposée, préférant le combat ouvert, en pleine lumière, contre les maquisards des djebels, et c’est plus par devoir que par fierté qu’il décide de s’impliquer dans ce combat qui s’apparente à un « boulot de flic ». Moins médiatique que son régiment « frère », le 3e RPC du colonel Bigeard, le 2e RPC n’en réalise pas moins plusieurs actions d’envergure marquées notamment par l’arrestation de près de deux cents membres ou sympathisants du FLN.
En mai 1957, les parachutistes du « 2 » reprennent enfin le chemin des djebels pour participer à plusieurs grandes opérations de pacification dans l’Ouarsenis, l’Atlas blidéen et les gorges de Palestro (KF 10, NC 15 ou NK 3) dans le cadre du plan mis au point par le général Salan afin de prolonger les résultats obtenus à Alger. Certains engagements coûtent au régiment des pertes particulièrement lourdes, tels les combats de l’Oued Isser le 18 mars 1958 au cours desquels neuf parachutistes, dont deux officiers et deux sous-officiers, trouvent la mort tandis que quinze hommes sont plus ou moins grièvement blessés. Le mois suivant, le 2e RPC reçoit sa quatrième palme pour l’opération d’Égypte, tandis que le lieutenant-colonel Fossey-François passe le commandement au colonel Olivier Le Mire, dont la renommée est grande au sein des troupes aéroportée qu’il a rejointes parmi les premiers, dès 1936. Transférés à Constantine, les paras opèrent en Grande Kabylie et à Alger jusqu’au 1er décembre 1958, date à laquelle l’unité prend officiellement la dénomination de « 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine » (RPIMa).
Éclipse et renaissance
Les années 1959 et 1960 sont marquées pour le 2e RPIMa par les grandes opérations du plan Challe, dans le cadre d’un vaste mouvement de ratissage d’ouest en est visant à reprendre l’initiative militaire dans les djebels, à l’intérieur même des zones d’action de l’ALN. Pour ce faire, l’hélicoptère d’assaut s’impose comme le principal moyen d’action des troupes aéroportées avec la mise en place des détachements d’intervention héliportés (DIH) de l’armée de l’Air – rassemblant six H-34 Cargo et un H-34 « Pirate » armé – qui opèrent aux côtés des H-21 « Banane » de l’armée de Terre. Partis d’Oranie, les parachutistes du « 2 » mènent toute une série d’opérations de pacification de zone dans l’Ouarsenis (opération « Courroie ») au printemps 1959, en Kabylie (« Jumelles ») entre l’été et l’hiver 1959-1960 et dans le Constantinois (« Pierres Précieuses »). Si la rébellion paraît en voie d’être vaincue militairement, les accrochages demeurent violents face à des bandes adverses dispersées en petits éléments, habiles à se dissimuler et refusant systématiquement le contact. Au cours de cette période, le régiment perd de nombreux hommes, dont son chef de corps, le colonel Le Mire, frappé d’un infarctus du myocarde et remplacé au pied levé par le lieutenant-colonel Raymond Toce qui avait précédemment commandé le 2e BPC en Indochine.
Le putsch des généraux du 22 avril 1961 surprend le 2e RPIMa alors qu’il opère dans le secteur de Djidjelli en petite Kabylie. Sur ordre du colonel Ceccaldi, qui commande provisoirement la 10e DP, le régiment gagne Constantine et se rallie aux conjurés, comme toutes les autres unités parachutistes de la division à l’exception du 3e RPIMa. Cette attitude lui est durement reprochée après l’échec du pronunciamiento qui est suivi d’une sévère répression même si l’unité conserve en grande partie son encadrement officiers et sous-officiers, ce qui lui permet de préserver son esprit de corps et une bonne cohésion. En mai, une nouvelle base arrière lui est assignée, au camp de Bossuet, près de la frontière marocaine, un ancien lieu d’internement pour les combattants du FLN considéré comme totalement insalubre. Pourtant, quelques semaines plus tard, en juillet 1961, une occasion inespérée lui est offerte de faire oublier le souvenir malheureux des journées d’avril : destinée à garantir la libre utilisation de la base aéronavale française de Bizerte, dont les forces tunisienne ont entamé le blocus, l’opération « Charrue courte » est ainsi lancée le 19 juillet, le 2e RPIMa commandé par le chef de bataillon Mollo qui a succédé à Toce constituant l’élément d’assaut avec un premier détachement parachuté et un second lancé dans la bataille après un poser d’assaut. Après deux jours de combats particulièrement violents, dont certains au corps à corps, les paras du « 2 », renforcés par leurs camarades du 3e RPIMa parviennent brillamment à reprendre le contrôle de la base stratégique et de ses alentours, l’occupation des lieux se prolongeant jusqu’en octobre.
A son retour en Algérie, le régiment est transféré à Saint-Charles, près de Philippeville, dans le Nord-Constantinois. Il poursuit ses opérations de contrôle et de pacification dans un contexte marqué par un désengagement progressif des troupes françaises et la montée en puissance de l’Organisation armée secrète (OAS). Ce n’est qu’après le cessez-le-feu, le 15 juin 1962, qu’il embarque enfin pour la métropole, déplorant la mort de plus de 230 des siens tombés sur les terres d’Afrique du Nord. Victime de la profonde restructuration qui affecte les troupes parachutistes, le 2e RPIMa est officiellement dissous le 15 juillet 1962 après une ultime prise d’armes à Saint-Avold en Moselle, où il s’était installé quelques semaines plus tôt. Pour autant, sa renaissance intervient moins de trois ans plus tard, le 1er janvier 1965, par changement d’appellation du 5e bataillon de parachutistes d’infanterie de marine (BPIMa) de Madagascar. Pendant un peu plus de huit années, il constitue ainsi la seule composante aéroportée des forces françaises du sud de l’océan Indien, jouant à ce titre un rôle stratégique éminent dans cette région du monde agitée par des tensions récurrentes et menant de front des missions de présence, d’assistance aux populations et de maintien de l’ordre.
Cependant à ᘻᗩᕲᗩᘜᗩSᑢᗩᖇ était déjà implanté depuis octobre 1948 le GCCPM le Groupe Colonial de Commandos Parachutistes de Madagascar, issu de la 1re demi-brigade coloniale de commandos parachutistes. Dissous en janvier 58, il devient le 5e BPC puis en décembre 58, il prend le nom de 5e BPIMa.
Dissous le 31 décembre 1964, le 5e BPIMa redonnera naissance au 2e RPIMa le 1er janvier 1965 à Ivato à ᘻᗩᕲᗩᘜᗩSᑢᗩᖇ.
Le 2e RPIMa aujourd’hui
Les bouleversements politiques qui secouent Madagascar au début des années soixante-dix et la dénonciation des accords passés au cours de la décennie précédente entre les autorités malgaches et françaises entraînent le transfert du 2e RPIMa sur l’île de La Réunion en août 1973. Les premières années de présence sur l’ancienne île Bourbon s’avèrent difficiles, celle-ci ne disposant pas d’une infrastructure militaire suffisante pour absorber la totalité du régiment sur un site unique. Ce n’est qu’au début des années 1980, avec l’installation dans les nouvelles infrastructures de la caserne « chef de bataillon Dupuis » à Pierrefonds, près de Saint-Pierre, que l’unité, qui a intégré en son sein la 2e compagnie Bourbon, formation de tradition de l’île, acquière sa forme définitive. Celle-ci permet de mêler tout à la fois parachutistes et non parachutistes ainsi que personnels permanents et unités tournantes en séjour de courte durée (4 mois), au sein d’un ensemble cohérent et original regroupant environ 600 hommes.
Revue des troupes avant le défilé sur la base Aérienne 181 d’IVATO en 1973 – Aout 1973, c’est en avion Transall que la base militaire rejoint au fur et à mesure l’Île de la Réunion sous le commandement du lieutenant colonel Ralph FIRT.
Placé sous l’autorité directe du général commandant supérieur des FAZSOI (Forces armées de la zone sud de l’océan Indien), lui-même subordonné au commandement opérationnel du chef d’état-major des armées, le 2e RPIMa assure en premier lieu des missions de souveraineté et de préservation des intérêts français dans la région. Celles-ci se concrétisent notamment par la mise en place, de façon permanente depuis 1974, d’un détachement de quatorze parachutistes, assistés d’un gendarme, sur les îles Éparses d’Europa et de Juan de Nova situées le long du canal du Mozambique. Acheminés sur place par voie aérienne en quelques heures de vol, ce qui laisse à nos chefs le choix de changer d’avion et d’en mettre des plus lents ou des plus rapides !, ces groupes sont relevés tous les quarante-cinq jours. Des actions de coopération militaire régionale sont par ailleurs régulièrement organisées avec de nombreux pays de la zone sud de l’océan Indien (ZSOI) et de l’Afrique australe – qu’il s’agisse de Madagascar, de l’Afrique du Sud, du Malawi, du Botswana, du Mozambique, de la Tanzanie, du Lesotho, de l’île Maurice ou des Seychelles – avec la mise en place de détachements d’instruction opérationnelle (DIO) et de détachements d’instruction technique (DIT). Enfin, le régiment se tient prêt à conduire ou à participer sur très court préavis à une opération militaire d’évacuation de ressortissants (RESEVAC) et à des opérations de secours d’urgence après une éventuelle catastrophe naturelle.
En s’installant en 1973 le 2e RPIMa absorbe la Compagnie d’infanterie de marine de Bourbon, dite « La Bourbon » dans sa 3e CIE, puis passera 2e CIE de réserve, en mai 1974. >>> Cette ancienne unité prend source en 1758 du corps expéditionnaire des « Volontaires de Bourbon » créé par l’ordonnance royale du 1er avril 1779 du Royaume de France, devient Corps des volontaires de la Réunion en 1793. Remplacé en 1803 par les Compagnies de Chasseurs de La Réunion jusqu’à la conquête de l’île par les Anglais, en 1810.
De par sa posture opérationnelle particulière, le 2e RPIMa n’est cependant pas régulièrement engagé en opérations extérieures, même si son expérience en la matière est riche mais relativement ancienne, qu’il s’agisse de l’opération « Oside » aux Comores en 1989, d’« Iskoutir » en République de Djibouti en 1993-1994, de « Turquoise » au Rwanda en 1994 ou bien encore d’« Azalée » de nouveau aux Comores en 1995-1996. Cette caractéristique est compensée par un entraînement soutenu et quotidien, de jour comme de nuit, au sein d’espaces variés et de qualité. Le 2e RPIMa est ainsi l’unité de l’armée de terre réalisant le plus de sauts par an – de l’ordre d’une quinzaine par parachutiste – et bénéficie des installations du Centre d’aguerrissement tropical de La Réunion (CATR) installé en bordure du lagon de La Saline, à quarante kilomètres de Pierrefonds, qui a pour mission de dispenser une instruction spécialisée pour la formation et l’entraînement aux techniques commandos.
Le « Grand 2 » est enfin très attaché à son glorieux passé qu’il s’efforce de faire fructifier au travers d’une Amicale d’Anciens très active, d’une salle d’honneur particulièrement riche mais aussi de commémorations régulières, telles celle de l’expédition de Suez en octobre 2006, ou l’opération sur Bizerte en juillet 2011 qui ont donné lieu à d’importantes festivités. Fidèle à ses anciens, le régiment n’en demeure pas moins résolument tourné vers l’avenir afin de « ne pas subir », conformément à sa fière devise.
Pour aller plus loin
Colonel Pierre Château-Jobert, Feux et lumière sur ma trace. Faits de guerre et de paix, Paris, 1978, Presses de la Cité, 349 p.
Père Louis Delarue, Avec les paras des 1er REP et 2e RPIMa, Paris, 1964, NEL, 300 p.
Général Robert Gaget, Commandos parachutistes, Paris, 1992, Jacques Grancher, 286 p.
Général Jean Salvan, Soldat de la guerre, soldat de la paix. Une vie au service de la France, Paris, 2005, Italiques, 542 p.
Colonel Roger Trinquier, Le premier bataillon de bérets rouges, Paris, 1989, Plon, 259 p.
Paul Villatoux, Le 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa), Champlan, 2012, Prividef Éditions, 236 p.
Voir également le très riche site de l’Amicale –https://anciens2rpima.fr/
Les insignes du « 2 »
L’insigne adopté par 2e BCCP à la fin 1947 reprend les principaux symboles du Groupement autonome Ponchardier, parmi lesquels le poignard et surtout la devise « A la vie, à la mort ». Lorsque le 2e RPC est créé en octobre 1955, cet emblème est pourtant abandonné au profit de l’insigne du 1er BPC, unité constitutive du nouveau régiment. Cependant, le lieutenant-colonel Château-Jobert, qui prend le commandement du 2e RPC en novembre 1955, souhaite enraciner les traditions « 2 » dans celles des anciennes unités parachutistes de la Seconde Guerre mondiale, tout en lui donnant une identité propre avec la création d’un nouvel insigne. Ce dernier, adopté au début de l’année 1957, comporte ainsi la devise des SAS « Qui ose gagne » ainsi que les ailes égyptiennes propres aux unités britanniques créées par David Stirling pendant la guerre. Au recto figure la devise « Ne pas subir » héritée de l’un des bataillons « Blizzard » et reprise par la suite par l’actuel 2e RPIMa.